CHARTE DE L’ÉCOLE MODERNE QUÉBÉCOISE
Le Collectif Québécois de l’École Moderne – Pédagogie Freinet se veut le regroupement de tous les agents d’éducation désireux de voir la pédagogie se transformer radicalement dans nos écoles pour en faire…
- De véritables lieux d’apprentissage favorisant l’épanouissement de l’individu comme être autonome et coopératif, socialement engagé, ayant prise sur son propre développement et celui de son environnement…
- Plutôt que des lieux d’enseignement centrés sur une accumulation de connaissances qui ne peut que conduire à la compétition, au dressage et à la sélection.
Dans cette optique, nous sommes opposés à tout endoctrinement, entendant par là toute pratique pédagogique refusant aux enfants l’accès à toute l’information nécessaire à l’utilisation de leur sens critique, face aux idéologies auxquelles ils sont quotidiennement confrontés, que ces idéologies soient d’ordre religieux, social, politique, philosophique ou autre, qu’elles soient le fait d’une majorité ou d’une minorité à l’intérieur de la société.
Fidèles en cela à la pensée de Célestin Freinet et des milliers d’éducateurs et d’éducatrices qui œuvrent dans ce sens à travers le monde, nous proclamons le tâtonnement expérimental comme étant l’assise fondamentale de notre pédagogie, comme étant au cœur du processus naturel d’apprentissage.
Nous favorisons le militantisme syndical, politique ou social dans la mesure où il s’oriente vers une amélioration constante des conditions d’apprentissage dans nos écoles.
DANS L’ÉCOLE QUE NOUS VOULONS BÂTIR…
Les enfants apprennent au contact du réel…
L’enseignante ou l’enseignant ne peut que favoriser le tâtonnement expérimental, seul déclencheur des véritables apprentissages. Son rôle consistera surtout à créer un environnement stimulant pour que tous les enfants y trouvent leur compte. Ses interventions essaieront toujours d’aller dans le sens de ce que les enfants sont en train de vivre, respectant leur soif de connaître et de se dépasser.
En conséquence…
Les programmes, ce sont les enfants avec leurs intérêts
Nous affirmons que les programmes officiels peuvent difficilement prédéterminer le moment et le lieu de l’ensemble des contenus d’apprentissage, ainsi que le réel à traiter en fonction des intérêts des enfants. Les programmes officiels ne sont donc que des outils de référence.
L’évaluation est un outil permettant aux enfants de planifier leur dépassement personnel et collectif
Nous ne travaillons pas en fonction de l’évaluation-notation, nous évaluons en fonction de travail accompli. L’enfant est le premier juge de ses apprentissages. Nous rejetons toute forme d’évaluation oppressive et compétitive se voulant facteur de motivation au travail. Dans nos classes, on évalue à seule fin d’améliorer le bien-être individuel et collectif d’enfants en apprentissage.
Le matériel didactique, ce sont d’abord les productions des enfants, des enseignantes et des enseignants
Nous préconisons la fabrication par les enfants, les enseignantes et les enseignants de leur propre matériel pédagogique afin de répondre aux objectifs spécifiques inhérents au processus de tâtonnement expérimental. Nous rejetons donc tout matériel didactique compris dans le sens de méthode d’enseignement, de manuel scolaire ou de cahier d’exercices prétendant indiquer tout le cursus d’un apprentissage.
Ce n’est pas le jeu, c’est le travail qui est naturel à l’enfant…
Si l’enfant se réfugie dans le monde du jeu, c’est peut-être parce qu’il est exclu du monde réel. Dans nos classes, on privilégie les vrais outils et le vrai travail. Ce n’est pas en “faisant semblant” qu’on apprend à faire pour vrai. Nous concédons au jeu son caractère de divertissement mais ce même caractère nous le fait rejeter comme fondement sérieux aux apprentissages. Ça divertit de la réalité.
Les enfants ont un pouvoir réel de décision…
Seule l’organisation coopérative de la classe donne aux enfants ce pouvoir réel de décision quant au contenu et aux modalités d’apprentissage. En collaboration avec l’enseignante et l’enseignant, les enfants s’initient par tâtonnement expérimental à un mode de gouvernement qui constitue la base de leur évolution sociale.
Les parents participent à l’organisation coopérative du travail avec un pouvoir réel de décision…
La concertation entre tous les agents intervenant auprès des enfants est au cœur de notre orientation coopérative. Elle ne peut se réaliser que si les contacts avec les parents sont constants et fréquents. Les parents structurent leur fonctionnement sous le leadership de l’enseignante ou de l’enseignant.
En conclusion, nous croyons que seul l’effort coopératif nous permettra de bâtir pour demain cette école du travail, effort coopératif de tous celles et ceux qui apprennent et de tous celles et ceux qui se sont donnés pour tâche de les aider.